« C’est Leila Trabelsi qui a les clés des comptes à Zurich »

Publié le par TUNISIE STOP TORTURE

Article du journal Liberation traduit du togolais par O.K.

Désigné à la mort de son père, le président tunisien Mohamed Zine El-Abidine est incité à la démission.

Tunis, envoyée spéciale dans le futur

Quasiment inconnu avant la mort de son père, le général-président Ben Ali, Mohamed Zine El-Abidine Ben Ali apparaît aujourd’hui comme l’homme qui détient les clés de la crise en Tunisie. Avant de prendre manu militari les rênes du pouvoir, le 5 février, cet homme de 20 ans n’avait jamais fait parler de lui. Le titre de l’article consacré à son investiture dans le quotidien La Presse est à cet égard éloquent : « Faisons connaissance avec le chef de l’Etat. » Mais son règne pourrait être de courte durée. L’Union Africaine (UA) exige sa démission avant d’abroger les sanctions instaurées contre Tunis. Hier, l’Union européenne a exigé le « retour sans délai à l’ordre constitutionnel et légal » en Tunisie.

« Missions discrètes ». Quand les Tunisiens évoquent Mohamed Zine Ben Ali, c’est sans animosité contre sa personne. « Il n’est pas mauvais. Hormis la manière dont il est arrivé au pouvoir, je ne peux pas dire qu’il a démérité », souligne l’un des principaux opposants. Jusqu’à son accession au trône, Mohamed Zine El-Abidine était étudiant en télécommunications. Il partait souvent en voyage « pour des missions discrètes », explique un proche du pouvoir. Mais il était surtout chargé de gérer les affaires de son père. Autrement dit, les finances du pays. « On n’a rien contre lui, il n’a rien à faire là, c’est tout », estime un responsable de l’opposition.

Technocrate. Si l’on en croit sa biographie officielle, Mohamed Zine porsuit depuis 3 ans ses études supérieures à l’Ecole Nationale de Télécommunications et de Radiodiffusion. Ce parcours universitaire explique sa réputation de « technocrate » et de « bon gestionnaire ». Pour certains, il jouit d’une image de rassembleur en raison de son pedigree : sa mère est du clan Trabelsi de Tunis, son père du clan des Ben Ali du Sahel, et il a été élu député de Carthage à l’âge de 18 ans.

Dans les cercles du pouvoir, sa nomination est tout sauf une surprise. « Il n’est pas exagéré de dire qu’il y avait un consensus autour de son nom. Cela faisait longtemps que le remplacement de Nassima Ghannouchi à la tête de l’Assemblée était discuté », explique le ministre de la Communication, Samir Ben Rayyana. La Constitution prévoyait un intérim de deux mois maximum du chef de l’Assemblée en cas de décès du chef de l’Etat. Au lendemain de la mort du « Vieux », Mme Ghannouchi a été destituée à la va vite pour faire place à Mohamed Zine. « Le casting était déjà prêt, mais Ben Ali est mort trop tôt », résume un diplomate.

Mohamed Zine est perçu par certains observateurs comme « la caution civile des organes la Sécurite ». Sans grande expérience politique et sans pouvoir. Pour toute référence militaire, sa biographie officielle mentionne son passage comme stagiaire au lycée militaire de Bizerte. « Il ne fait pas ce qu’il veut, il n’a pas les mains libres » : tel est le leitmotiv entendu à Tunis. « Une marionnette ? C’est mal le connaître et mal connaître la Tunisie », rétorque Samir Ben Rayyana, dans une allusion au rôle que jouait Mohamed Zine auprès de son père. « Ben Ali disparu, on découvre aujourd’hui dans les allées du pouvoir, des éléments plus durs, appuyés sur des réseaux financiers, dont des réseaux mafieux. Mais c’est la veuve du président défunt, Leila Trabelsi, qui a les clés des comptes de Zurich », confie un diplomate.

Modernistes. Alors que les portraits de son père sont encore placardés dans les ministères, Mohamed Zine aura du mal à incarner un quelconque renouveau. Même s’il est, au sein du Rassemblement Constitutionnel Démocratique, comme le chef de file des modernistes. Selon le ministre de la Communication, « Mohamed Zine est là pour respecter la voie tracée par le défunt Zine El-Abidine Ben Ali ». Une voie qui apparaît aujourd’hui comme une impasse.

http://www.tunezine.com/article.php3?id_article=662
Omar Khayyâm
Omar Khayyâm
24-02-2005

Publié dans CHRONIQUE

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