Affaire Hannibal Kadhafi : 188 responsables libyens interdits d'entrée en Suisse

Publié le par AFP

AFP / 14 février 2010 13h43 TRIPOLI 

La Suisse interdit à 188 responsables libyens, dont le numéro un libyen Mouammar Kadhafi et sa famille, d'entrer en Suisse, avec en toile de fond la crise diplomatique entre Tripoli et Berne, a rapporté dimanche le journal Oea. "Les autorités de l'entité suisse ont émis une décision interdisant à 188 personnalités libyennes d'entrer sur les territoires de cette entité", a indiqué le journal, très proche de Seif Al-Islam, un des fils du colonel Kadhafi, sur son site internet. Selon Oea, qui cite un "responsable libyen de haut niveau", la liste suisse comprend le colonel Kadhafi et sa famille, des responsables du Congrès général du peuple (Parlement), du gouvernement, ainsi que des "responsables économiques et des dirigeants militaires et des services de sécurité". "Cette décision porterait préjudice aux intérêts de la Suisse en premier lieu", a estimé le responsable libyen. "Si elle n'est pas annulée, (Tripoli) y répondra par des mesures de dissuasion fondées sur le principe de réciprocité", a-t-il encore indiqué. Oea ne précise pas la date d'entrée en vigueur de la décision suisse. Mais la Libye proteste depuis le mois de novembre contre une politique européenne limitant l'octroi de visas Schengen aux Libyens, dénonçant une "solidarité systématique et programmée" avec Berne. Elle a menacé plus récemment de durcir sa politique de visas à l'encontre des Européens. "L'escalade suisse intervient malgré la visite du président suisse l'an dernier ainsi que ses excuses pour les abus subis par le diplomate libyen Hannibal Kadhafi et sa famille dans le canton de Genève", a ajouté le journal. La crise entre Berne et Tripoli avait éclaté après l'interpellation musclée en juillet 2008 à Genève d'un fils de M. Kadhafi, Hannibal, et de son épouse, sur une plainte de deux domestiques accusant leur employeur de mauvais traitements. "L'affaire Hannibal" a envenimé les relations entre Tripoli et Berne qui ont pris des mesures de rétorsion: retrait d'avoirs bancaires des banques suisses et départ des sociétés helvétiques du côté libyen, politique restrictive de visas Schengen envers les ressortissants libyens côté suisse. Citant des observateurs, le journal estime que la décision suisse "sera le facteur principal dans l'échec des efforts régionaux et internationaux pour contenir le conflit et combler le fossé entre les deux pays". Tripoli retient toujours deux ressortissants suisses qu'elle avait accusés de "séjour illégal" et d'"exercice d'activités économiques illégales". L'un d'eux, Rachid Hamdani, a été blanchi la semaine dernière de toutes les accusations mais attend toujours qu'on lui rende son passeport confisqué par les autorités pour pouvoir quitter le pays. Le second Suisse, Max Göldi, a été quant à lui condamné jeudi en appel à quatre mois de prison ferme pour "séjour illégal" et a écopé d'une amende de 800 dollars dans la deuxième affaire. Il n'a pas été toutefois emprisonné et il est toujours réfugié à l'ambassade helvétique à Tripoli comme son compatriote Rachid Hamdani.

Publié dans SANS FRONTIERES

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