LE DICTATEUR BEN ALI SE VENGE DES JEUNES

Publié le par AMNESTY INTERNATIONAL

Des centaines de jeunes Tunisiens arrêtés, torturés et condamnés à de lourdes peines, en vertu de la loi dite « antiterroriste »

D’après une déclaration publique d’Amnesty International, parue le 15 novembre dernier, quelque 400 jeunes Tunisiens croupissent en prison après avoir été arrêtés, torturés et souvent tenus au secret, en application de cette loi scélérate de décembre 2003 qui fait perdre tout sens au droit, sans compter, au moins 100 autres détenus politiques appartenant au mouvement Ennahda, toujours incarcérés en raison de leur opposition politique.

Une fois encore l’arsenal répressif du pouvoir s’est mis en place pour remplir de nouveau les prisons tunisiennes par des jeunes, pour la plupart élèves et étudiants, coupables de s’être accoutumés à faire leurs prières et de pratiquer leur religion. Ils ont été, pour la plupart, jugés pour des intentions et des visites de sites d’armement, preuve évidente de leurs culpabilités.

Tous, à leur arrestation, ont subi la torture durant des jours et des semaines au ministère de l’Intérieur et dans les différents postes de polices soumis aux supplices de la baignoire, suspensions et menaces de viols...pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.Peu importe les pièces à conviction contenues dans les dossiers, ces jeunes sont suspects depuis le premier jour où ils ont mis le pied dans une mosquée, car faire la prière en Tunisie est, aujourd’hui, source de suspicion.

Cette longue série d’affaires est en réalité un scandale judiciaire dans tout Etat de droit qui respecte ses concitoyens ; c’est une politique de répression aveugle qui prépare au pire et ouvre grandes les portes de la violence et de l’instabilité qu’ils prétendent combattre. Et c’est pourquoi la décision politique de désertifier les champs politiques, associatifs, culturels .et de vider les différentes institutions juridiques, universitaires, syndicales et autres de leur sens et de leurs fonctions est plus que jamais en marche ; il suffit de se rappeler ce qu’endurent les partis politiques d’opposition ainsi que les organisations nationales de défense de droits humains à commencer par la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH) et le Conseil National pour les Libertés en Tunisie (CNLT).

La dernière affaire en date a eu lieu ces derniers jours. Le 13 novembre 2006, le Tribunal de Première Instance de Tunis a prononcé son jugement à l’encontre d’un groupe de prisonniers d’opinion en vertu des dispositions de cette loi dite antiterroriste. Mohammed Zineddine, Mohammed Mehdi Hammami, Yassine Ferchichi, Ridha Bejaoui et Nizar Mernis ont été condamnés à une peine de huit ans d’emprisonnement pour appartenance à une organisation en relation avec le terrorisme. Borhan Dridi, Sami Gharbi, Salaheddine Ouni, Ahmed Chabbi ont été coupables de n’avoir pas alerté les autorités concernées des informations et directives sur la commission d’un crime de terrorisme et condamnés à six mois de prison ferme.Tous sont astreints au contrôle administratif à l’expiration de leur peine, pour une durée de 5 ans pour les quatre derniers et pour une durée de dix ans pour les autres. Ceux-ci sont privés du droit de vote pendant cinq ans.

Le CRLDHT dénonce avec la plus grande vigueur cette dérive mafieuse et cette politique de délinquance qui prennent notre jeunesse comme otage et lui font payer cher son combat pour la dignité et la citoyenneté. Il considère que ces méthodes politiques sont révélatrices d’une profonde décadence des mours politiques dans notre pays.

Publié dans ESPACE INFO

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