Al-Qaida au Maghreb ouvre un nouveau front en Tunisie

Publié le par Bernard Bridel


En enlevant deux touristes autrichiens sur sol tunisien, Al-Qaida au Maghreb étend son champ d’action.

 

Ils s’appellent Andrea Kloiber (44 ans) et Wolfgang Ebner (51 ans). Elle est infirmière, lui conseiller fiscal. Depuis le 22 février, ces deux Autrichiens sont aux mains d’Al-Qaida au Maghreb. Ils ont été kidnappés sur sol tunisien avant d’être ramenés en Algérie, dans la zone frontalière de Tébessa et Oued Souf, connue pour abriter des groupes islamistes armés. Le 9 février, les deux amoureux du désert avaient embarqué à Gênes sur un ferry avec leur 4x4 et deux bergers allemands. Le couple avait donné son dernier signe de vie le 18 février en appelant l’Autriche depuis Tataouine. Ils auraient dû faire de même le 25. Ne l’ayant pas fait, la famille a alerté les autorités.

 

L’enlèvement a été revendiqué lundi sur Internet. Dans un communiqué, Al-Qaida au Maghreb avertissait que «toute tentative d’intervention militaire de l’Algérie mettrait en danger la vie des deux Autrichiens». Hier, selon le quotidien algérien Annahar, les ravisseurs et leurs otages auraient rejoint le Mali après avoir traversé l’Algérie et la Libye.

Scénario connu

 

«Je ne suis absolument pas surpris par ce nouvel enlèvement», commente Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), à Genève. «En effectuant un coup contre des touristes sur sol tunisien, dans une zone frontalière poreuse et difficilement contrôlable, Al-Qaida au Maghreb montre sa capacité à ouvrir un nouveau front et à ne pas rester confinée au territoire algérien. » Pour ce qui est du «voyage» jusqu’au Mali, Hasni Abidi demeurait sceptique, hier, estimant qu’il pouvait s’agir d’une manœuvre de diversion destinée à «alléger la pression des autorités algériennes sur les ravisseurs. ».

 

Cela dit, où que soient les otages, le directeur du Cermam pense que leurs ravisseurs, qui ont besoin de moyens, pourraient demander une rançon contre leur libération. Et de rappeler le précédent de 2003. En mai de cette année, l’armée algérienne était intervenue pour libérer des otages occidentaux enlevés par le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), rallié depuis à Al-Qaida. Dix-sept de ces 32 otages, suisses, allemands et néerlandais, avaient été libérés au nord de Tamanrasset. Les autres (moins un, mort d’une insolation) n’avaient été relâchés que le 18 août au Mali, après le versement par Berlin d’une rançon de 5 millions d’euros, selon des informations jamais confirmées.

 

Le scénario pourrait se répéter pour les deux Autrichiens.

 

Bernard Bridel

 

(Source : « Tribune de Genève » (Quotidien – Suisse), le 12 mars 2008)

Publié dans ESPACE INFO

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